Commentaire sur les listes de champignons des salons

par Monique Brunet

Depuis 2013 je me suis chargée de récupérer, à la fin des salons de Montpellier «Champignons et plantes d’automne», les fiches qui accompagnent les champignons identifiés et exposés afin d’en établir la liste. Les listes des salons 2013, 2014 et 2015 ainsi établies sont présentées séparément sur le site dans un article sur les salons puis regroupées en une seule liste  . Il m’a paru intéressant de les accompagner de commentaires qui correspondent aux réponses que j’ai trouvées à des questions sur les récoltes, les conditions climatiques du moment, etc.

Les récoltes

Le but des récoltes est de rassembler un maximum d’espèces à exposer au Salon. Plusieurs ramasseurs se dispersent dans les environs dans un rayon d’environ 100 km, Massif de l’Aigoual, Causses, Montagne de l’Espinouse, garrigues de l’arrière-pays (entre Montpellier et les Cévennes) et littoral méditerranéen, en choisissant des lieux qui, en fonction de la climatologie du moment, présentent des conditions favorables. Il faut aussi noter que les champignons de très petites dimensions ne sont, en général, pas exposés. La localisation exacte des récoltes et leur biotope ne sont pas notés. Il ne s’agit en aucun cas d’un inventaire.

Listes des espèces identifiées et exposées

L’identification des champignons est faite par les mycologues de l’association à mesure que les paniers arrivent sur les lieux de l’exposition. Réalisée essentiellement par observation macroscopique, elle doit être rapide et ne permet guère de distinguer les variétés ou formes de certaines espèces. Elle dépend aussi de la personnalité des déterminateurs qui sont quelquefois plus spécialisés dans un genre. Le public qui fréquente le salon est constitué, d’une part, des étudiants de la faculté de Pharmacie qui révisent avant l’examen, d’autre part, d’amateurs souvent plus motivés par la comestibilité des champignons exposés que par l’envie de progresser en mycologie.

Climatologie

Les récoltes de champignons sont très tributaires du climat, pluviométrie et températures. Les zones parcourues pour les cueillettes destinées à alimenter le Salon peuvent être en altitude (Massif de l’Aigoual, Causses, Montagne de l’Espinouse), dans les garrigues de l’arrière-pays (entre Montpellier et les Cévennes) et sur le littoral, rarement dans ces trois types de milieux en même temps. Les lieux sont choisis en fonction de la météorologie du moment. Cette période de l’année est celle des « épisodes cévenols » qui peuvent donner de très fortes chutes de pluie accompagnées d’inondations, souvent très localisées, pas idéales pour les poussées fongiques.

Les « ramasseurs » qui connaissent bien la région et sont nombreux arrivent toujours à faire des récoltes honorables, donc le nombre de champignons identifiés et exposés au Salon n’est pas seulement représentatif de la qualité de la saison mycologique mais aussi de l’efficacité des ramasseurs.

Climatologie pour les dates des salons

Les données climatologiques présentées ici pour Montpellier et l’Aigoual sont extraites du site :

http://www.infoclimat.fr

Salon 2013 : 12 et 13 octobre

Période Lieu Pluviométrie
Total % de la norme
Septembre 2013 Montpellier 19 mm 23 %
Mont Aigoual 134 mm 76 %
Octobre 2013 Montpellier 37mm 38 %
Mont Aigoual 323 mm 108 %

Les normes de pluviométrie mensuelle correspondent à la période 1981-2010.

Septembre

Les précipitations sont très déficitaires à Montpellier, légèrement à l’Aigoual.

Octobre

Mois très humide sur les reliefs avec une pluviométrie très variable, globalement déficitaire dans la plaine.

Salon 2014 : 25 et 26 octobre

Période Lieu Pluviométrie
Total % de la norme
Septembre 2014 Montpellier 362 mm 450 %
Mont Aigoual 245 mm 140 %
Octobre 2014 Montpellier 18 mm 18 %
Mont Aigoual 166 mm 56 %

 

Septembre

Pluviométrie très importante sur certaines zones très localisées suite à deux épisodes intenses en seconde quinzaine (16/09 au 20/09 et 29/09 au 30/09), sur les reliefs et dans la plaine.

Octobre

Pluviométrie très variable, déficitaire à excédentaire selon les secteurs avec des températures exceptionnellement douces pour la saison. Le 6, très fortes précipitations aux intensités remarquables (supérieures à 90 mm par heure sur Grabels).

Salon 2015 : 24 et 25 octobre

Période Lieu Pluviométrie
Total % de la norme
Septembre 2015 Montpellier 34 mm 42 %
Mont Aigoual 233 mm 133 %
Octobre 2015 Montpellier 59 mm 61 %
Mont Aigoual 281 mm 94 %

 

Septembre

Cumuls déficitaires en altitude comme dans la plaine en dehors d’un épisode pluvio-orageux dans la nuit du 11 au 12 septembre de l’Aigoual jusqu’au pied des reliefs du Massif central, de la Montagne Noire jusqu’aux Cévennes. De fortes pluies quasi-stationnaires (avec de forts cumuls et de fortes intensités) sont alors observées sur la zone du « piémont » héraultais de Bédarieux à Ganges et plus au nord sur le relief. Les pluies les plus intenses et les plus durables intéressent les communes situées entre Lodève et Ganges en passant par La Vacquerie et Saint-Maurice-Navacelles.

Les orages donnent des intensités horaires parfois exceptionnelles en fin de journée (entre 80 et 120 mm par heure et des valeurs parfois supérieures à 220 mm en 3 heures).

Octobre

Les cumuls sont déficitaires dans la plaine.

Les données ci-dessus sont complétées pour d’autres zones du département par des données extraites des Annales climatologiques et hydrologiques publiées par le Conseil Départemental de l’Hérault :

http://www.herault.fr/search/node/climatologie

Les noms des zones géographiques donnés dans les tableaux sont indiqués sur la carte. Les couleurs correspondent aux cumuls de pluie pour le mois de septembre 2015 , mais n’ont pas de signification pour la délimitation des zones qui sont les mêmes dans tous les documents édités par le Conseil Départemental.

CarteHydro

Septembre 2013

Minervois Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault Moyenne Vallée de l’Hérault
Cumul / mois en mm 10 à 20 20 à 60 20 à 40 80 à 100 20 à 40 20 à 100

Piémonts

Montpelliérais Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois Haute Vallée de la Buèges
Cumul / mois en mm 10 à 30 50 à 130 100 à 120 50 à 100 130 à 170

 

Les cumuls sont très variables (de 10 à 170 mm) du fait du caractère orageux. Ils sont globalement déficitaires à très déficitaires (de 50 à plus de 75%) en dehors de la vallée de l’Orb, du Lodévois et d’une bande étroite allant du Nord de la moyenne vallée de l’Hérault jusqu’au Nord Biterrois. Les jours de pluie sont peu nombreux et se concentrent essentiellement le 7 et le 28.

Octobre 2013

Minervois Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault Moyenne Vallée de l’Hérault
Cumul / mois en mm 40 à 60 40 à 60 60 à 150 100 à 200 40 à 80 50 à 100

Piémonts

Montpelliérais Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois Haute Vallée de la Buèges
Cumul / mois en mm 20 à 50 140 à 180 150 à 200 100 à 200 100 à150

 

Les précipitations sont très variables de 20 à 200 mm avec un maximum sur les reliefs et un minimum sur l’Est et le Littoral. Ils sont dans l’ensemble déficitaires de 20 à 60%, hormis les zones de piémonts et le Nord Montpelliérais.

La pluviométrie est marquée durant 3 journées sur le mois : les 4, 20 et 24 avec un épisode intense de 120 mm à Valflaunès le 20 dans le Nord Montpelliérais.

Septembre 2014

Minervois Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault Moyenne Vallée de l’Hérault
Cumul / mois en mm 80 à 150 120 à180 120 à 250 350 à 450 150 à 250 300 à 500

Piémonts

Montpelliérais Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois Haute Vallée de la Buèges
Cumul / mois en mm 200 à 350 350 à 400 350 à 500 300 à 500 300 à 400

En septembre, la pluviométrie est très importante (cumuls de 80 à 500 mm) suite à deux épisodes intenses de pluie en seconde partie du mois (les 16-19 et 28-29). Sur de nombreux secteurs, ces cumuls constituent des records pour un mois de septembre (exemples : littoral, la vallée de l’Hérault,…). Seule la zone du Minervois a été plus épargnée. Les pluies se concentrent sur de très courtes durées (quelques heures).

Octobre 2014

Minervois Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault Moyenne Vallée de l’Hérault
Cumul / mois en mm 10 à 20 1 à 15 10 à 40 40 à 90 5 à15 15 à 60

Piémonts

Montpelliérais Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois Haute Vallée de la Buèges
Cumul / mois en mm 10 à 330 130 à 180 50 à 150 100 à 150 50 à100

 

Les cumuls sont très variables (de 1 à 330 mm) et sont globalement déficitaires (de 10 à 90%) en dehors du Nord Montpelliérais et une partie du Montpelliérais (maximum sur Prades-le-Lez avec 328 mm). Le 6, ces zones ont subi de très fortes précipitations aux intensités remarquables (supérieures à 90 mm par heure sur Grabels). Le nombre de jours de précipitations est assez faible pour la période (de 1 à 5 sur une grande partie du territoire). Ces précipitations se concentrent essentiellement en première décade.

Septembre 2015

Minervois Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault Moyenne Vallée de l’Hérault
Cumul / mois en mm 10 à 50 10 à 40 20 à 80 70 à 120 10 à 30 10 à 50

Piémonts

Montpelliérais Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois Haute Vallée de la Buèges
Cumul / mois en mm 10 à 80 20 à 80 110 à 140 340 à 360 190 à 210

 

Les cumuls sont très variables (de 10 mm à plus de à 350 mm) suite aux phénomènes orageux localisés. Globalement, les précipitations sont déficitaires (de 10 à 90%) en dehors du Lodévois qui a subi un épisode intense et de la vallée de l’Orb (proche des normales). Les pluies se concentrent essentiellement du 11 au 16.

Octobre 2015

Minervois

Biterrois Hauts coteaux Vallée de l’Orb Basse Vallée de l’Hérault

Moyenne Vallée de l’Hérault

Cumul / mois en mm 20 à 40 10 à 30 10 à 40 60 à 100 10 à 20 20 à 70

Piémonts

Montpelliérais

Nord Montpelliérais Haute Vallée de l’Orb Lodévois

Haute Vallée de la Buèges

Cumul / mois en mm 20 à 110 60 à 140 100 à 130 60 à 100 150 à 180

 

Les cumuls sont variables (de 10 mm à plus de 150 mm) et sont globalement très déficitaires (de plus de 50% sur certaines zones surtout à l’Ouest). Les nombreux phénomènes pluvio-orageux concernent essentiellement les reliefs et l’Est de l’Hérault.

Le mois d’octobre 2015 est plus frais que la normale d’environ 1°C suite à de nombreuses nuits froides. Depuis 1980, le milieu du mois d’octobre n’avait pas été aussi frais. Le début du mois reste assez doux puis les nuits commencent à être fraîches à froides dès le 9 avec des gelées les 16 et 17. Les températures maximales sont inférieures aux normales du 14 au 22 puis sont plus douces en fin de mois.

L’année 2015 fut spéciale dans la mesure où des fortes pluies en montagne au mois d’août ont favorisé une croissance précoce des champignons, qui sont sortis en masse en septembre. Notre salon d’octobre s’est ainsi situé en fin de saison, avec des récoltes beaucoup plus faibles que la normale, même si le nombre d’espèces était encore notable.

Remarques générales sur la climatologie

Ces données montrent que, depuis trois ans, les cumuls sont globalement déficitaires par rapport aux normes dans la région de Montpellier au mois d’octobre, période du Salon, ainsi qu’au mois de septembre pendant lequel se préparent les poussées fongiques qui alimenteront le Salon. En 2015 des gelées à la mi-octobre, en altitude, ont supprimé les champignons en place et bloqué leur renouvellement.

Il faut aussi signaler que si la pluviométrie est favorable pendant quelques jours il suffit que le mistral souffle pour que tout espoir d’une bonne récolte s’envole.

Noms utilisés pour établir les listes

À partir de 2013 les listes de champignons exposés lors des salons ont été établies en utilisant le fichier de la Société Mycologique de France qui comprend 18000 espèces. Il est fourni en format « Access » et a été transformé et utilisé en format « FileMaker Pro » qui est plus convivial et permet de tirer du fichier de multiples informations et comparaisons. Pour contrôler la validité du nom binominal proposé par les déterminateurs et mettre à jour ce nom et les noms d’auteurs, lorsqu’ils ont changé, en plus du fichier SMF, l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) a été utilisé. Il est disponible sur le site : https://inpn.mnhn.fr/accueil/recherche-de-donnees/especes/. Cet inventaire a été mis en place en 2005 et il est mis à jour en permanence sous la responsabilité du Muséum National d’Histoire Naturelle accompagné de nombreux partenaires.

L’ouvrage de mycologie « Le guide des champignons, France et Europe » de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, Ed. Belin (2011) a été également consulté pour la mise à jour.

Lorsqu’un nom de genre ou un nom d’espèces a été modifié, les noms utilisés couremment jusque là, sont indiqués comme synonymes.

Le fichier SFM donne pour le genre et l’espèce les noms dits « d’usage » ainsi que les noms indiqués comme « valables », qui peuvent être différents lorsque le nom de genre et/ou le nom d’espèce a changé. Le plus souvent le changement affecte plutôt le genre. Les fiches de la SHHNH utilisées pour les expositions portent en général le nom d’usage. Dans les listes présentées ici les noms « valables » ont été utilisés, en contrôlant dans l’ouvrage d’Eyssartier et Roux, et les noms « d’usage » ont été indiqués comme synonymes. Ce travail a été fait davantage en 2015 que les années précédentes. Il se peut donc que certains noms indiqués soient encore les noms anciens avec cette fois comme synonyme le nouveau.

Comparaison du nombre d’espèces identifiées et exposées dans les Salons de 2013, 2014 et 2015

Les listes sont présentées sous forme de tableaux, par année, hors de ce texte.

2013 : 12 & 13 octobre, 224 espèces

2014 : 25 & 26 octobre, 194 espèces

2015 : 24 & 25 octobre, 253 espèces

Une liste regroupe toutes les espèces trouvées au moins une fois – à savoir 427 – lors de ces trois années.

Espèces trouvées en 2013 et 2014 : 91

Espèces trouvées en 2013 et 2015 : 113

Espèces trouvées en 2014 et 2015 : 100

Espèces trouvées en 2013, 2014 et 2015 : 60

Nombre d’espèces trouvées une seule année parmi les trois années étudiées : 245, soit 57%

Nombre d’espèces trouvées deux années parmi les trois années étudiées : 121, soit 28%

Nombre d’espèces trouvées les trois années : 60, soit 14%

Genre Nombre d’espèces récoltées

Nombre d’espèces dans le genre

Pourcentage   espèces récoltées / espèces dans le genre
    SMF Eyssartier SMF Eyssartier
Cortinarius 42 2107 300 2% 14%
Russula 27 557 240 5% 11%
Tricholoma 25 157 34 16% 74%
Lactarius 24 191 69 13% 35%
Inocybe 17 474 72 4% 24%
Mycena 11 320 54 3% 20%
Amanita 11 139 23 8% 50%
Hygrophorus 11 93 27 12% 41%
Clitocybe 10 182 21 5% 47%
Boletus 10 84 20 12% 50%
Agaricus 8 144 17 5% 50%
Suillus 7 46 13 15% 54%
Xerocomus 6 42 10 14% 60%
Lepiota 5 128 25 4% 20%
Hebeloma 5 111 15 5% 33%
Pholiota 5 57 19 9% 26%
Lepista 5 50 7 10% 70%
Macrolepiota 5 34 6 15%
Ramaria 4 131 2 3%
Lyophyllum 4 60 6 7% 44%
Leucopaxillus 4 29 4 14%
Hydnellum 4 23 2 17%
Hypholoma 4 20 12 20% 33%
Gymnopus 4 12 10 33% 40%
Ganoderma 4 11 2 36%
Armillaria 4 10 5 40%

Tableau 1

Le tableau 1 répertorie les genres auxquels appartiennent les espèces récoltées. Ils sont classés par ordre décroissant du nombre de celles-ci (2e colonne). La 3e colonne indique, pour chaque genre, le nombre d’espèces citées dans le fichier SMF, la 4e colonne indique le nombre d’espèces citées par « Le guide des champignons, France et Europe » de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, Ed. Belin (2011). Pour les 10 premières lignes plus de 10 espèces ont été récoltées. La 5e colonne donne le pourcentage pour chaque genre du nombre d’espèces récoltées par rapport au nombre d’espèces dénombrées dans le genre par le fichier SMF et la 6e colonne le pourcentage pour chaque genre du nombre d’espèces récoltées par rapport au nombre d’espèces dénombrées dans le genre dans l’ouvrage d’Eyssartier et Roux. Dans cette colonne ne sont pas portés les pourcentages supérieurs à 50, mais établis sur peu d’espèces, qui ne signifient pas que l’on a trouvé presque toutes les espèces appartenant à un genre décrites par Eyssartier et Roux, car quelquefois les espèces déterminées ne sont pas décrites dans cet ouvrage.

Ainsi, sur les 427 espèces exposées lors de ces trois années, 188 appartiennent à 10 genres qui sont répertoriés dans le fichier SMF comme comportant plus de 80 espèces et plus de 20 dans l’ouvrage d’Eyssartier et Roux. Ne sont pas portés dans ce tableau les genres représentés par trois espèces ou moins.

On peut déduire de ces données, « à la louche », que les genres comportant le plus d’espèces récoltées sont des genres regroupant plusieurs dizaines d’espèces, ce qui n’est pas surprenant. Le genre Cortinarius comportant dans le fichier plus de 2000 espèces (300 dans l’ouvrage d’Eyssartier et Roux) peut être considéré comme peu représenté dans l’exposition, bien que 42 espèces aient été récoltées.

Ceci tient peut-être au fait que ce genre comporte peu de comestibles, qu’il est d’un abord assez difficile, et qu’il est donc délaissé par les mycologues, et ignoré des visiteurs.

Genre Nombre d’espèces récoltées

Nombre d’espèces dans le genre

Pourcentage espèces récoltées / espèces dans le genre
    SMF Eyssartier SMF Eyssartier
Entoloma 3 399 45 1% 7%
Psathyrella 3 207 26 1% 12%
Hygrocybe 2 169 25 1% 8%
Leccinum 2 87 8 2% 25%
Coprinus 1 178 60 1% 2%

Tableau 2

Dans le tableau 2 sont répertoriés les genres qui bien que comportant plus de 80 espèces dans le fichier SMF, comme les dix premiers genres du tableau 1, sont représentés par, au plus, trois espèces. On peut dire que ces genres sont mal représentés dans les salons. Pourquoi ? Pour les Entolomes, Psathyrelles, Hygrocybes et Coprins la plupart des champignons sont petits ou/et fragiles. Même si certains sont récoltés, ils arrivent probablement en mauvais état au salon et ne sont pas déterminés. Pour les Leccinums la raison du peu d’espèces récoltées est plutôt à chercher dans le fait que leur habitat est le plus souvent sous les feuillus, principalement les trembles, les peupliers, les bouleaux. C’est un genre centré sur la zone boréale. On peut le trouver en Alsace, dans les Vosges et dans les Alpes mais il semble rare dans notre région.

Sur les 427 espèces exposées 43 appartiennent à l’ordre des Polyporales, dont les exemplaires se conservent longtemps. Il se peut qu’on ait puisé, pour les expositions, dans la collection de la SHHNH mise en place et continuellement enrichie par Claude Lécot. Ils peuvent ne pas faire partie des récoltes faites avant les salons mais sont portés sur les listes d’espèces exposées.

Certains genres comportant plus de 80 espèces dans le fichier SMF ne sont pas représentés du tout dans les espèces exposées. Par exemple il n’y a pas de Conocybe, de Galinera, de Leucoagaricus, de Mariasmus, de Melanoleuca et de Peziza. Pourquoi ?

Les espèces exposées communes aux trois salons sont celles que l’on trouve assez systématiquement dans la région à cette saison. Elles font partie des genres Amanita, Boletus, Hypholoma, Laccaria, Lactarius, Suillus, Tricholoma. Pour le genre Cortinarius représenté par 42 espèces seule l’espèce rickenii a été exposée aux trois salons.

Nombre de genres par famille pour les espèces exposées aux salons, suivant la classification de R. Courtecuisse, avec le nombre d’espèces par genre (≥ 4).

Bankeraceae                  

                   Hydnellum (4)

Ganodermataceae

                   Ganodermus (4)

Ramariaceae

                   Ramaria (4)

Pleurotaceae

                   Hygrophorus (11)

Tricholomataceae

                   Clitocybe (10)

                   Armillaria (4)

                   Tricholoma (25)

                   Lepista (5)

                   Leucopaxillus (4)

                   Lyophyllum (4)

Mariasmiaceae

                 Collybia (gymnopus) (4)

                 Mycena       (11)

Agaricaceae

                   Agaricus  (8)

                   Lepiota (5)

                   Macrolepiota (5)

Amanitaceae

                   Amanita (11)

Cortinariaceae

                   Hebeloma            (5)

                   Inocybe    (17)

                   Cortinarius (42)

                   Gymnopilus (3)

Strophariaceae

                   Pholiota (5)

                   Stropharia (3)

                   Hypholoma           (4)

Russulaceae

                   Russula (27)

                   Lactarius  (24)

Boletaceae

                   Xerocomus          (6)

                   Boletus (10)

Suillaceae

                   Suillus      (7)

Toxicité – comestibilité

Un rôle essentiel du salon est d’informer le public sur la comestibilité et la toxicité des champignons. Des affiches et des tracts sur le sujet sont présents dans le salon. Un CD-ROM, « Les principaux champignons comestibles et leurs sosies toxiques ou mortels » élaboré par des mycologues de la SHHNH, est disponible à la vente.

Une des questions récurrentes est « est-ce que ça se mange ? » Certaines espèces réputées comestibles sont très recherchées. Encore faut-il être sûr de leur identification et quand bien même on le serait, comme l’indique le tract à disposition du public : « Suite à une meilleure connaissance des espèces naturellement toxiques ou rendues toxiques par la pollution, il n’est plus possible de garantir au public la totale innocuité des espèces jusqu’ici réputées comestibles. »

C’est la raison pour laquelle l’information sur ce sujet n’est pas portée sur les listes, mais elle est donnée au salon pour chaque espèce exposée et, surtout, des mycologues sont disponibles pour informer directement le public pendant le salon ou tous les lundis de 15 h à 18 h, pendant la saison mycologique, au local de la SHHNH.

Conclusion

Ces commentaires n’ont pas la prétention d’être une étude scientifique, mais un guide de lecture des listes qui, présentées seules, peuvent être rébarbatives.

Facilité par l’utilisation du logiciel FileMaker Pro et de la base de données de la Société Mycologique de France (version 2012) ce travail pourrait déjà être revu avec la version 2016 qui tient compte de l’évolution – permanente – de la classification.

Bien qu’on ne connaisse pas très précisément la relation entre conditions météorologiques et sortie des champignons, on sait bien qu’il faut une certaine humidité, éventuellement un écart de température entre la nuit et le jour, pas de gelées, pas de mistral, etc. Malgré le fait que la pluviométrie à la période des salons n’ait pas été encourageante les salons de 2013, 2014 et 2015 ont présenté des expositions très représentatives des champignons que l’on peut récolter en octobre dans la région. La pluie, même quand elle semble abondante dans les données, était souvent liée à des phénomènes pluvio-orageux qui lavent les sols mais ne sont pas favorables à la sortie des champignons. Globalement les cumuls étaient déficitaires par rapport aux normes dans la région de Montpellier.

Si les expositions ont cependant été honorables c’est grâce à la compétence des mycologues de la SHHNH qui connaissent bien la région et ne ménagent pas leur peine pour récolter et identifier les champignons les plus représentatifs à présenter aux étudiants et au public.

Merci à Gérard Lévêque pour sa lecture critique et sa participation constructive.

Les remarques et propositions de corrections seront les bienvenues.

 

Monique Brunet

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