Botanique-Horticulture

Lutte contre la mouche de l’olivier : compte-rendu de la journée technique

Bonjour à tous,

La réunion pratique sur le piégeage de la mouche de l’olive avec des pièges secs – Société Probodelt, Tarragona, Espagne – s’est déroulée au Mas des Vautes à St-Gély du Fesc, le 20 juillet 2016 chez Mme Sophie Arnihac que l’on doit remercier.

Journée_technique

Plus de 40 personnes se sont présentées (15 h 00), ce qui fait qu’avec les organisateurs Raymond Gimilio et André Bervillé (SHHNH), les deux personnes de chez Probodelt et le régisseur du moulin des Vautes le groupe était constitué de 45 personnes. Certaines venues de très loin (Bordeaux, Drôme) et un représentant de l’UMR BGPI (CIRAD-INRA).

Chaque piège contient un sachet de phosphate diammonique à humidifier légèrement et 7,5 mg d’un insecticide sec Karaté K (matière active pyréthrinoïde de synthèse lambda-cyhalothrine) déposée sur l’intérieur du couvercle.

La pose de 20 pièges à divers endroits (Claret, Pignan, Les Vautes, St-Privat, …). a été réalisée. L’examen du contenu a montré essentiellement des diptères, dont quelques mouches. À cette période de l’année après les chaleurs et le rafraîchissement la population de Bactrocea est relativement réduite. La pose est préventive, donc l’effet sur la dynamique de la population à venir, est très fort. Il faudrait des comptages précis pour vérifier la spécificité du pièges pour Bactrocera.

La société Probodelt a distribué 2 flyers d’information :

http://www.probodelt.com/fr/controle-plaies-pieges-insectes/piege-conetrap.html

http://www.probodelt.com/fr/controle-plaies-pieges-insectes/piege-hemitrap.html

Sans entrer dans les détails :

l’attente des participants a été comblée, ils pourront commander des pièges directement en Espagne, dans l’attente d’un commerçant agréé en France (par le producteur).

Les commentaires sur l’intérêt de ce type de réunion nous encouragent à poursuivre.

Plusieurs participants, pour télécharger les documents sur l’olivier, vont adhérer à la S2HNH. Gérard Martin pourra nous en informer via contact@s2hnh.org

La réunion s’est terminée (17 h 30)par une dégustation d ‘huile du moulin des Vautes , Picholine, Picholine + autres variétés du domaine, et Picholine + Picual

Les réunions reprendront en octobre.

Nouaison - Crédit photo : André Bervillé

Nouaison – Crédit photo : André Bervillé

Raymond Gimilio et André Bervillé

Publié le: 26/07/2016

La maîtrise de la pollinisation chez l’olivier

Catherine Breton, André Bervillé

CB Université de Montpellier, Institut des Sciences de l’évolution,  catherine.breton@univ-montp2.fr

AB INRA UMR 1097 DIAPC andre.berville@orange.fr

 

Les histoires de sexe ont toujours déchaîné les passions. Chez l’olivier encore plus que chez d’autres espèces, à entendre les commentaires, et lire les messages échangés entre les protagonistes qui interviennent sur l’olivier.

La pollinisation est suivie par la nouaison des fruits, et s’il y a trop de pollen incompatible, ou pas assez de pollen compatible, sur le stigmate de la fleur, la nouaison sera mauvaise, et les jeunes fruits vont tomber jusqu’à 5 semaines après la fin de la floraison. Après 6 semaines, la chute des fruits est due à des raisons autres que l’incompatibilité, et donc le nombre de fruits noués doit être déterminé, au plus tard, 6 semaines après la floraison.

 

Schéma de la temporalité des événements après la floraison jusqu’à 5 semaines ; échelle en jours

Floraison     ⇒    pollinisation  ⇒  chute des pétales    ⇒   nouaison      ⇒    dernière coulure dûe à l’incompatibilité

Temps T 0     ⇒         T 0-8 j       ⇒          T 4-8                  ⇒      T 5-10         ⇒                  T 35-42

Nouaison = formation du fruit ; coulure = chute de fruits

Fleurs d'olivier - Crédit photo : André Bervillé

Fleurs d’olivier – Crédit photo : André Bervillé

Que veut un oléiculteur ?

Il veut des fruits, mais pas trop, sinon ils seront petits, et se vendront mal, pour l’olive de table, et pour l’olive à huile, le rendement en huile ne sera pas optimal, car avec la charge (quantité de fruits portée par un arbre), le noyau diminuera en taille moins vite que la pulpe.

Que peut le chercheur ?

Il peut définir des polliniseurs pour les principales variétés. Il est bien évident que les polliniseurs devront être diverses variétés, réparties dans les vergers, afin d’assurer la pollinisation, quels que soient les vents et les conditions climatiques, forcément très variables d’une année sur l’autre, et donc la coïncidence de la floraison, se fera pour l’un d’entre eux, on l’espère ! Le chercheur dit donc qu’il faut mettre des polliniseurs pour saturer les pistils en pollen compatible, et ainsi obtenir que la nouaison soit la meilleure possible.

Au chercheur d’expliquer à l’oléiculteur, que ce n’est pas en dosant les polliniseurs dans un verger que chaque oléiculteur va contrôler la taille des fruits à la récolte. S’il le dit, c’est un charlatan.

(suite…)

Publié le: 25/05/2016

Un nouveau cycle de conférences sur l’Olivier

branche d'olivierL’olivier est une culture importante dans le sud de la France. Il souffre actuellement d’une insuffisance de production tant quantitative (Rendement) que qualitative (Taille des fruits) et d’adversités (Mouche, bactéries, champignons). La France n’a pas de programmes de recherche sur cette espèce. L’information de vulgarisation qui parvient aux oléiculteurs est insuffisante pour qu’ils prennent des mesures efficaces objectives pour améliorer la production et la qualité.

Les sites internet qui renseignent les oléiculteurs sont le plus souvent commerciaux et n’apportent pas les éléments contradictoires des méthodes d’amélioration et des méthodes de lutte.

La Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault prend donc l’initiative d’instaurer dans ses locaux un cycle de conférences ouvertes à tous, pour informer, divulguer, proposer, débattre … des méthodes et des protocoles souvent largement diffusés, ouverts à tous, mais avec des limites et restrictions souvent mal connues chez l’olivier.

La SHHNH sollicite pour ce faire la participation et le relais de l’UPPO34, des coopératives de Pignan-Sommières, Coopérative de Clermont-l’Hérault, des Moulins Domaine de L’Oulivie, et du Mas des Vautes, Moulin de la Garrigue, ainsi que des confréries des chevaliers de l’olivier à Nîmes (J Tessier à Marguerite) et Clermont l’Hérault (Hélène Pagès), et des « Terrasses Gellone » et de l’AFIDOL …

                                                                                                                                                                                              André Bervillé

Huit conférences sont prévues, avant l’été, au local de la SHHNH, à 18 h 30.Reprise des conférences en octobre 2016.

La première aura lieu le 18 mai :

« La pollinisation étape clef de la production de fruits chez l’olivier » par A Bervillé (Directeur de recherche en retraite INRA)

Voir l’article correspondant

La deuxième, le 25 mai :
« Les polliniseurs des principales variétés françaises et les problèmes locaux de pollinisation » par A Bervillé (Directeur de recherche en retraite INRA)

Fleurs d'olivier - Crédit photo : André Bervillé

Fleurs d’olivier – Crédit photo : André Bervillé

 

– puis « Les méthodes de lutte contre la mouche » par R. Gimilio, le 1er juin,

–   « La mouche de l’olivier et la lutte bio » par J. Lecomte, le 8 juin,

Aucune conférence n’est prévue pour le mercredi 15 juin.

–  « L’olivier, santé et biodiversité » par Raphaël Colicci, le 6 juillet,

Viendront ensuite 3 conférences, dont la date n’est pas encore fixée, mais qui seront annoncées au fur et à mesure dans les « Événements » du site :

–  « La culture bio de l’olivier » par Hélène Lasserre,

–  « L’amélioration génétique chez l’olivier ? » par A. Bervillé,

–  « L’olivier et la ville en périurbain » par Lucette Laurens.

Le 20/07/2016, une journée technique est organisée par la SHHNH pour lutter contre la mouche de l’olive

Publié le: 10/05/2016

Salon de Montpellier Champignons et Plantes d’Automne

La SHHNH est à l’origine des expositions publiques de champignons à Montpellier. Par la suite, une exposition simultanée de plantes s’est ajoutée, le tout sous le nom de Salon de Montpellier.

Faculté de Pharmacie - Inauguration du salon 2015

Faculté de Pharmacie – Inauguration du salon 2015

Le premier salon s’est tenu du 1er au 3 novembre 1969 au Pavillon Populaire avec le concours de l’Association Charles Flahault de Perpignan, sous le nom de « Salon du Champignon de Montpellier ». Les sections mycologiques de ces deux associations avaient déjà participé à des expositions communes depuis 1966 à l’occasion des Journées Mycologiques du Languedoc Roussillon à Bédarieux. Ces journées mycologiques sont la première grande manifestation mycologique du Languedoc-Roussillon à laquelle de nombreuses personnalités, des  Facultés de Pharmacie, et de Médecine de Montpellier, de la Faculté des Sciences et de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier, ont participé activement. Pour en savoir davantage, voici le compte-rendu des premières « Journées Mycologiques du Languedoc-Roussillon » de 1966 et 1967 – Annales_V108_f3_1968-p.155 – ainsi que celui des troisièmes journées de 1968 – Annales_V109_f1_1969-p.55 -.

Salon 2011 avant l'ouverture

Salon 2011 avant l’ouverture

Voici, parus dans nos Annales, les comptes rendus des trois premiers salons : le premier salon de 1969, le deuxième salon de 1971 et le troisième de 1975.

Les salons suivants se sont tenus à SupAgro, appelé anciennement École Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier, et ce jusqu’en 2001.

Après une interruption d’un an, le salon s’est déplacé à l’Institut de Botanique, à partir de l’automne 2003, sous le nom de « Salon du Champignon et de la nature ». Dès 2004, il prendra l’appellation de  « Salon Champignons et plantes d’automne ». Le rez-de-chaussée était consacré à l’exposition des plantes et les champignons se trouvaient au 1er étage de l’Institut.

(suite…)

Publié le: 30/04/2016

Hommage à Pierre Galet

Hommage à Pierre Galet by Philippe Maréchal Fenêtre Sur Cour.34

Hommage à Pierre Galet
by Philippe Maréchal
Fenêtre sur Cour.34

Le mercredi 6 avril 2016, à Montpellier SupAgro, un hommage a été rendu à Pierre Galet, fondateur de l’Ampélographie moderne, c’est-à-dire de la science descriptive de la vigne qui permet de décrire et d’identifier les divers cépages.

Pierre Galet a été enseignant-chercheur à la Chaire de viticulture de 1946 à 1987. Auteur de nombreux ouvrages de référence, Pierre Galet vient de publier en 2015 un magistral « Dictionnaire encyclopédique des cépages et de leurs synonymes » aux Éditions Libre & Solidaire.

Trois vidéos de la cérémonie permettent de partager cet hommage :

Partie 1

Avec : Anne-Lucie Wack.
Directrice générale de Montpellier SupAgro et Jean-Claude Davidian, Professeur de Montpellier SupAgro, chef d’orchestre de cette cérémonie, aujourd’hui retraité.
Lucie T. Morton – Virginie/USA -.
Erika Maul – JKI : Julius Kühn Institut – Siebeldingen/ Allemagne -.

Partie 2

Avec : Thierry Lacombe – INRA UMR/AGP -.
Laurent Audeguin – IFV/ENTAV INRA -.
Patrice This – INRA UMR/AGAP -.
Michel Grisard – Montmélian – Savoie -.

Partie 3

Avec Pierre Galet qui clôture cette cérémonie –

Un article plus complet est aussi consultable, via facebook, grâce à « Fenêtre sur Cour.34 »

Comme le rapporte Jean Claude Davidian « Ces enregistrements ont été faits par M. Philippe Maréchal (Photographe-Cinéaste – Fenêtre sur Cour.34), à la demande de l’Éditeur du dernier ouvrage de Pierre Galet publié en 2015, le « Dictionnaire Encyclopédique des Cépages et de leurs Synonymes« , M. Jean-Paul Barriolade, et en accord avec la Direction de Montpellier SupAgro ».

Philippe Maréchal
* Fenêtre sur Cour.34 *
<https://www.facebook.com/fenetresurcour.34>
<https://www.youtube.com/channel/UCI9emGg2-0PFtbNbaig6gwg>
U.C.E – Urbanisme.Culture.Environnement -.
<https://www.flickr.com/photos/pppmarechal54/sets>

Publié le: 19/04/2016

MOOC Botanique

Tela Botanica a prévu un cours d’initiation à la botanique, en ligne, ouvert à tous, ce qui est la définition du MOOC : massive open online course. Cette formation débutera le 5 septembre 2016, mais ne sera accessible qu’après inscription. Cette inscription est désormais ouverte depuis le 15 avril 2016.

Voici le dossier de presse

L’inscription doit être effectuée en deux étapes : inscription à la plateforme MOOC de TelaBotanica, puis inscription au MOOC botanique proprement dit. Pour s’inscrire et en savoir davantage

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Publié le: 17/04/2016

SEVE

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Publié le: 12/02/2016

Les chênes : le chêne-liège (4/4)

Le dernier des chênes dont nous parlerons, toujours sur un plan ethnobotanqiue, est le chêne liège. Mais il est absent du Languedoc (sauf très rares sujets isolés) car il a d’une part horreur du calcaire, et d’autre part besoin d’une plus grande chaleur que les autres chênes vus jusqu’à présent. On le trouve donc sur les terrains siliceux de Catalogne, et dans les Maures et l’Estérel en Provence. Ses noms occitans sont siurièr en languedocien et suvrier en provençal, dérivés du nom latin suber (liège), qui définit le nom d’espèce Quercus suber. Une « subéraie » se dit donc en occitan une siureda, ou une suvriera. Mais les toponymes sont bien sûr plus rares que ceux dérivés des autres chênes, et comme anthroponymes, on ne connaît guère que Sube, nom de famille fréquent en Provence. En catalan, cet arbre s’appelle surer, et une forêt sureda, ce qui a donné le nom du village des Pyrénées orientales, Saint André de Sorrède (plus connu pour la fabrication de fouets en bois de micocoulier).

Chêne-liège démasclé

Chêne-liège démasclé

Si du côté des feuilles, il ressemble beaucoup au chêne vert, c’est évidemment son écorce profondément creusée qui est caractéristique. Elle est une excellente protection contre les incendies : la forêt de chênes lièges que l’on peut voir de l’autoroute en allant en Espagne a brûlée il y a quelques années, et les troncs pourtant calcinés sont repartis en faisant des bouquets de jeunes pousses tout le long des branches. En fait, cette écorce est composée de deux parties. La plus interne est dite écorce mère (rusca maire) qui produit le liège (siure/suve (liège), écorce qu’il ne faut pas abîmer lors de la récolte. La première écorce d’un arbre est dite mâle (rusca mascla) : c’est un liège de mauvaise qualité et qui ne servait qu’aux pêcheurs. Pour récolter du liège de bonne qualité, il faut enlever cette écorce mâle sur des sujets assez âgés, et attendre que l’écorce mère produise à nouveau du liège.

L’exploitation du liège se faisant exclusivement sur les territoires de langue d’oc, tous les termes du métier sont donc occitans et passés tels quels au français. Enlever l’écorce mâle pour pouvoir exploiter un arbre, c’est démascler un chêne (desmasclar), et celui qui fait cette opération est un démascleur (desmasclaire).

Écorce du chêne-liège

Écorce du chêne-liège

L’écorce primitive est coupée sur une hauteur de deux mètres environ, et les troncs présentent alors une couleur brun rouge très caractéristique sur toute la partie démasclée. L’écorce mère va donc produire à nouveau des tanins, donc une épaisseur de liège dit écorce femelle (rusca femèla) que l’on récolte environ tous les dix ans. Cette opération s’appelle le levage (levatge), et elle est faite par un leveur (levaire), avec un outil spécialisé. Les manchons d’écorce sont entassés au pied des arbres, et transportés par des camalos sur des camions (autrefois des charrettes à chevaux).

La forêt des Maures présente encore quelques arbres démasclés (le contraste rouge brun de la partie démasclée/gris blanc du reste de l’arbre est saisissant, la visite du massif en voiture est hautement recommandée !), mais l’exploitation du chêne liège n’est plus aussi prospère qu’autrefois, où elle a fait la fortune de nombreux bouchonniers : on peut voir ainsi comme témoins de cette activité économique, leurs superbes maisons bourgeoises à Collobrières, village de l’intérieur du Var. Quelques plaques de liège, directement issues du levage et présentant donc la forme incurvée du tronc, sont en vente dans les rues même du village, avec les châtaignes et produits dérivés, autre spécialité du coin. Les bouchonniers catalans ont eu eux aussi leurs heures de gloire : anciennes usines reconverties depuis à d’autres usages, belles demeures dans les villages (marquées de palmiers et de rosiers de Banks) sont les témoins silencieux d’une prospérité passée. Car ce sont maintenant l’Espagne et le Portugal les grands producteurs de liège. La forêt méditerranéenne gagnerait pourtant à ce que cette activité reprenne : entretenue, habitée par l’homme, elle subirait moins les ravages des incendies.

(suite…)

Publié le: 26/01/2016

Les chênes : le chêne-kermès (3/4)

Troisième chêne caractéristique des espaces méditerranéens et bien rébarbatif celui-là :

Le chêne à kermès (chêne-kermès, kermès) /l‘avaus

Sur le plan du lexique, notons que l’arbuste se nomme « chêne à kermès » en toute logique (c’est-à-dire « le chêne à cochenille donnant le rouge »). Mais il est souvent raccourci en « chêne-kermès » (une garrigue couverte de chênes-kermès), et même en « kermès » tout court (couper des kermès, brûler des kermès), selon le phénomène bien connu de nommer le tout par la partie. On remarquera le flou de la norme puisque Le Petit Robert donne l’orthographe « chêne-kermès » avec tiret, à l’entrée kermès, mais « chêne kermès » sans tiret à l’entrée chêne.

 

Son nom latin botanique est Quercus coccifera, et semble faire l’unanimité des botanistes depuis longtemps : c’est bien le chêne  « porteur de cochenilles ». Son nom occitan le plus répandu est avaus (prononcez [avaous], et [abaous] en languedocien), tant en Provence maritime qu’en Languedoc (où il existe aussi la variante avals, prononcé [abals]). Il se nomme agarrús en Provence intérieure, et un autre nom languedocien répandu est celui de garrolha [garrouillo], à cause de son usage que nous verrons plus loin. Garrús est aussi un des noms de Ilex aquifolium, « le grand houx », aussi épineux que lui. Et nous avons vu que le nom latin de l’yeuse est ilex : autant en botanique qu’en langue occitane, on tourne en rond entre « chêne » et « houx »…

Chêne-kermès dans la garrigue

Chêne-kermès dans la garrigue

Comme les autres chênes, il a bien sûr donné de nombreux toponymes, parfois méconnaissables au premier coup d’oeil : Les Abaus, Les Sabalses, La Garouille, Garouilles. L’exemple Les Sabalses est caractéristique de ce que l’on appelle une mécoupure : le s de l’article pluriel a été agglutiné par erreur au nom de l’arbuste. Le nom correct aurait du être Les Abalses (de l’occitan Los Avalses, prononcé donc [louz’ abalses]). L’avaus est donc ce petit chêne bas de la garrigue qui vous griffe les mollets, et qui fait tant crier les enfants quand on « bartassège », entend-on dire couramment pour signifier que l’on coupe à travers les buissons. Ses feuilles vertes sur les deux faces (et non grises en dessous comme le chêne vert, qui se déguise parfois en kermès, on le constate souvent en sortie botanique), sont coriaces et pourvues de piquants :elles sont le témoignage de son adaptation à la sècheresse. Max Rouquette raconte la promenade d’un moine à la recherche de plantes médicinales dans les collines et qui « bartassège »: « las pèiras li rodavan jos lo pè, e mai d’un còp, se n’anèt d’esquina volar dins una mata d’ars o d’abausses que sa rauba ne foguèt estripada e que la sang li veniá d’en pertot, les pierres lui roulaient sous les pieds, et plus d’une fois, il alla voler sur le dos dans une touffe de paliure ou de kermès, si bien que sa robe en fut déchirée et que le sang lui venait de partout ».

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Publié le: 26/01/2016

Les chênes : le chêne blanc (2/4)

Nous évoquerons maintenant le deuxième chêne familier des nos paysages, celui qui devient roux à l’automne :

Le chêne blanc/lo rore, lo roire, lo rove (prononcez [rouré], [rouiré], [rouvé])

Le rore/rove est dérivé du nom du chêne en latin, robur, qui est présent dans Quercus robur, nom actuel de l’ancien Quercus pedunculata, le « chêne rouvre ». Celui qui nous intéresse ici est un cousin méditerranéen : Quercus humilis subsp lanuginosa, autrefois Quercus pubescens, qualifié quelquefois en français de « chêne pubescent », traduction de son ancien nom latin botanique. Les noms latins changeant sans cesse, il nous faut donc maintenant le nommer « petit chêne laineux » … Nous profitons de cet exemple pour signaler l’absurdité de qualifier de « noms français » ce qui n’est en réalité qu’un nom latin botanique traduit en français ne fonctionnant que dans les milieux de botanistes (et non pas un nom français vernaculaire) : distinction élementaire des niveaux de langue, qu’il nous faut parfois expliquer avec des trésors de patience, si nous en jugeons par les étonnantes réactions de certaines personnes réagissant comme si nous les agressions (?) par ces précisions lexicogaphiques.

Pour ce qui est de blacha, blaca, blacàs, souvent aussi employés pour le désigner, ces noms semblent concerner à l’origine des baliveaux (donc des jeunes arbres, nous l’avons déjà signalé dans l’article précédent) s’appliquant à divers espèces : le chêne vert en plaine, le châtaignier en Cévennes, le chêne blanc un peu plus dans l’arrière-pays. Grand ou petit, ce chêne a donné de nombreux noms de familles, Roure, Duroure, Roube, Blache, Blaque, Blacas, sans oublier les cartes géographiques de notre enfance de Vidal et … Lablache, ainsi que des noms de lieux, Le Rouyre, Les Rouires, La Blaque.

Au contraire de l’yeuse, les feuilles du chêne blanc sont lobées, d’un beau vert clair. Pelucheuses en dessous, cela lui a valu son ancien nom d’espèce pubescens, et plus récemment lanuginosa, et aussi son nom français de chêne blanc. Elles deviennent rousses à l’automne, mais ne tomberont qu’à la montée de la sève au mois de mars, habillant l’arbre d’un manteau de feuilles sèches tout au long de l’hiver : on dit que ses feuilles sont marcescentes (du latin marcescere, se faner, et nous avons ausssi l’adjectif marcit, marcida en occitan signifiant « fané », tiré du même verbe latin). Cet arbre se voit donc de loin, et permet de distinguer nettement sur le terrain « l’étage du chêne vert », couleur de velours sombre toute l’année, et « l’étage du chêne blanc » qui le surmonte en théorie, ou les quelques chênes blancs occupant les fonds de vallon plus humides à l’étage de la chênaie verte :

Chêne blanc

Chêne blanc

« Davant mos uòlhs, tot un país negre d’euses s’espandís amb las tacas de rovilh dels roires, e las tacas blau d’espic de las pèiras. » (Max Rouquette, Verd Paradís 1)

« Devant mes yeux, tout un noir pays d’yeuses s’étale, avec les taches de rouille des chênes, et les taches bleu lavande des pierres. »

Le chêne blanc, au contraire du chêne vert, s’installe en effet dans les lieux plus humides, plus élevés, et donc sur les ubacs (du latin opacus, sombre), versant nord des collines, mot que le français a emprunté à l’occitan, car cette opposition versant nord/versant sud n’est marquée que sous nos climats méditerranéens. Mais il suffit de la présence d’humidité dans les fonds de vallons, pour que le rore s’installe à l’étage du chêne vert : l’étagement de la végétation est théorique et subit ici ou là quelques entorses, selon des conditions locales de micro-climat. Ainsi l’Hortus en face du Pic Saint Loup est connu pour son inversion d’étagement : les sources affleurant au pied de la colline, ce sont les chênes blancs qui s’y sont installés, tandis que les chênes vert occupent au contraire le sommet rocheux et sec. Mais plus en altitude, le chêne blanc s’installe aussi sur les causses les plus arides, pour donner ces paysages bien caractéristiques.

(suite…)

Publié le: 26/01/2016